Les dark patterns ou deceptive patterns pourraient être définis comme des techniques de tromperie ou de manipulation des utilisateurs au travers d’interfaces ayant pour effet substantiel de subvertir ou d’altérer l’autonomie, la prise de décision ou le choix d’un utilisateur dans le cadre de ses activités en ligne. Ces techniques sont, par exemple, utilisées pour conduire des utilisateurs à partager toujours plus de données personnelles, à payer plus cher des produits ou services, à les empêcher de résilier des abonnements ou encore à rendre l’exercice de leurs droits plus difficile, voire impossible. Une large littérature démontre que ces dark patterns remplissent plus facilement leurs objectifs lorsqu’ils sont employés sur des applications mobiles, notamment les applications de jeux mobiles. Le contexte d’utilisation desdites applications génère une prise de décision qui repose sur le Système 1 (Kahneman) et des heuristiques, rapide et peu coûteux en termes de coûts cognitifs. Au-delà des conséquences directes visibles à une échelle individuelle, ces techniques participent au renforcement des pratiques de manipulation comportementale généralisées qui interrogent notre rapport collectif au progrès des techniques lorsqu’elles ne sont pas utilisées au profit des humains et questionnent notre contrat social à l’ère numérique. La communication vise à dresser le panorama du cadre réglementaire encadrant les dark patterns, à identifier ses lacunes, et à proposer des solutions de régulation durable prenant réellement en compte les limites cognitives humaines.
Comment les dark patterns manipulent nos usages mobiles ? Proposition de régulation pour un digital durable et centré sur l’humain
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