Interview de Sophie Vermeille,
L’Opinion – 27 juin 2016
Sophie Vermeille est interviewée : « Si la procédure de sortie devait être enclenchée, le passeport européen, c’est l’arme principale à la disposition de Bruxelles dans sa négociation à venir avec Londres, explique Sophie Vermeille présidente du Think Tank Droit et Croissance. Dans ce scénario, si l’Europe accepte finalement de laisser aux établissements installés à Londres le bénéfice du passeport européen pour ne pas affaiblir la City et ce, en dépit de l’opposition forte des autres places financières, Bruxelles exigera sans nul doute que Londres se plie à l’ensemble de la réglementation en la matière. Londres se retrouverait alors dans une situation paradoxale : les Britanniques, quittant l’Union européenne à cause de la réglementation jugée insupportable par les partisans de Leave, se retrouveraient contraints de respecter à la lettre des règles européennes qu’ils n’auraient pas forcément contribué à établir ».
« Les places financières de Paris, Francfort ou encore Dublin peuvent effectivement tirer partie de la situation si elles améliorent leur attractivité, explique Sophie Vermeille. Mais l’erreur consisterait à croire que la bataille pour attirer les investisseurs se résume à offrir plus d’avantages fiscaux que ses voisins. La finance est d’abord et avant tout un secteur dont le fonctionnement repose imminent sur le droit et une grande force de la City tient non seulement à son cadre juridique stable et prévisible, garant de l’exécution des contrats, mais aussi à sa justice rapide et très spécialisée. Atteindre ce niveau d’infrastructure juridique ne se décrète pas du jour au lendemain que ce soit en France ou en Allemagne…».